"Le jour se rêve" de Jean Claude Gallotta se veut, un « carrefour d’échanges » des influences de Cunningham, Cage et Rauschenberg, avec, entre chaque séquence, le chorégraphe himself dansant sur les chansons de Rodolphe Burger, en charge du fondu-enchaîné musical... où l'on entend les influences.
Car on les entend plus qu'on ne les ressent ces émotions, et c'est sans doute la critique majeure que je ferais à ce ballet contemporain.
La première partie, se danse masquée. Athlétique, répétitive, elle laisse craindre un mortel ennui.
A la seconde partie, lorsque tombent les masques, on pense respirer, enfin... on reste un peu prisonniers de l'outrance des maquillages, des costumes surannés du style le plus moche des années 80, de quelque chose d'étriqué, comme d'une ambition inaboutie.
Pourtant. Pourtant, la bascule à la dernière partie s'opère, l'énergie des 10 danseurs qui tentent le pâle hommage au merveilleux, au formidable Merce Cunningham finit par l'emporter, parce qu'enfin ils s'humanisent, se regardent, se sourient, ne se soucient plus de nous... enfin ils dansent. Et nous, nous ne regardons plus les corps, mais le ballet.
Ils nous font à ce moment là surtout oublier les deux pathétiques apparitions de Galotta en intermèdes balbutiants... et,
Voilà, que remonte à ma mémoire, une grande émotion, celle d'avoir vu Merce perclus d'arthrose, dansant sur scène. Bouleversant. Majestueux.
C'était au Brooklyn theater ou au théâtre de la Ville ?...
Ma mémoire me flanche.
Bon, on l'aura compris.
Gallotta que j'ai vu à ses débuts Lyonnais n'a jamais fait partie de mes favoris, il n'a jamais su créer SON univers. Revisité quarante ans après, voilà une certitude démontrée ce soir au théâtre du Rond-Point.
Je citerai donc Merce Cunningham qui reste un maître :
“Ce qui est essentiel dans la
discipline de danse, c’est
l'ardeur au travail, résolue et
enthousiaste : elle évite à la
classe de se transformer en une
heure et demie de gymnastique
ou au pire en une corvée
quotidienne ; et elle transforme
la discipline du studio en
moments de danse.”
Théâtre du Rond-point
Jusqu'au 20 février 2022
01 44 95 98 21
"Le jour se rêve" de Jean Claude Gallotta
Musique : Rodolphe Burger