Avec le temps on gomme les aspérités et ces années antérieures nous paraissent plus heureuses que celles potentielles à venir. Il n'en est rien en réalité. Il y avait alors beaucoup de misère comme le chantait Aznavour et Macías nous disait déjà qu'on l'oubliait au soleil et c'est un peu vrai.
Que chanteront nous demain?
Plus que jamais nous avons besoin de voir la légèreté s'exprimer pour maintenir l'énergie nécessaire à l'action pour un monde de paix quel qu'en soit le coût. Heureusement les belles choses nous permettent de puiser cette énergie... Il nous faut nous ressourcer en elles ; je pense à l'art, au plaisir d'entreprendre à la hauteur de notre quotidien avec d'autres, aux petites et grandes causes auxquelles nous pouvons nous associer. Il nous faut nous réjouir d'avoir encore de petites et de grandes joies, sans les bouder, afin que belle reste la vie.
Je m'y emploie.
Avec parfois un peu de gravité, avec beaucoup de dérision aussi, pour finir par trouver l'équilibre que confère la légèreté.
Je vais bien. Très bien même. Heureuse de rejoindre ma famille au 44 ème rassemblement pour Pessah (Pâques juives) suspendu depuis deux années pour cause de COVID.
Vendredi soir nous serons dans l'intimité retrouvée à quelque 160 âmes pour les huit jours de fête. aux secondes fêtes, jeudi prochain nous serons 200.
Les plus jeunes nettoient les lieux déjà depuis plusieurs jours. L'internat loué au Kibboutz de Kfar Menahem va nous permettre de vivre comme une grande colonie de vacances inter-âge et de nouer, renouer, raffermir les liens. Il y aura des discussions où l'on se crépera le chignon... des soirées théâtrales joyeuses, des karaokés et conférences sur nombre de sujets, comme toujours, des moments où nous évoquerons avec émotion nos disparus aussi, d'autres où nous fêterons les nouveaux mariés et nouveaux nés depuis le dernier rassemblement. (En l'occurrence, 7 mariages et 14 naissances !) Chacun s'y prépare. Aucun rassemblement n'est identique.
Il fait la joie des petits ivres de liberté en ces lieux, le bonheur des anciens qui flirtent désormais avec les 90 ans, dépassant bientôt l'âge des fondateurs décédés, mes grands parents. À l'entrée de la salle à manger, leur portrait, des photos d'anciens Pessah...
À l'issue des huit jours, chacun rentrera chez soi après l'ultime fête de la Mimouna. On aura nettoyé et rendu les clefs au Kibboutz... espérons juste qu'on sera passé au travers du Covid.
À l'an prochain.
Nota : Article écrit avant le 15 avril, les photos sont prises durant la semaine de fête.
Le COVID a attrapé la veille de la Mimouna 5 membres de la famille. En France, c'est demain soir qu'on saura à cette heure-ci qui aura été élu à la présidence après une semaine d'états d'âme mouvementée...