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Ce journal a débuté avec la naissance des Blogs en 2005 pour accompagner les six mois d'aventure en Inde d'où son nom, !ndianeries. Mot inventé dans l'urgence avec un engagement d'un article posté chaque jour sur des ordinateurs locaux, avec des claviers pourris, des temps d'attentes interminables.., d'où des corrections jamais réalisées. J'en implore votre indulgence en lisant "La malle de l'!nde" & les "!ndianeries". Puis, d'autres voyages ont suivi et des humeurs de l'entre deux, et pour finir "Survivre au travail"... la chose la plus formidable qui soit pour les chanceux que nous sommes, à jouir d'une retraite.

Mong Lay, le village englouti


Quatre heures de route pour arriver à Mong Lay distante de seulement 100 km de Dien Bien Phu, rebaptisée désormais « Dien Bien ». En mini bus d'état, nous découvrons la vallée d'une rare beauté qui nous mènera en plusieurs étapes à Sapa.
Mais plus se rapproche-t-on du village, plus visible est, la déforestation, les zones de terrains entièrement pelés... Dans les tous derniers kilomètres les chantiers déchirent la montagne et jalonnent ce qui autrefois, a dû ressembler à une route bordée de théiers.

Voir cette vallée et les villages vivre leurs dernières heures a quelque chose de définitif, qui ne ressemble ni à la vie ni à la mort. Les habitants indemnisés émigrent déjà vers la capitale régionale. Bientôt, tout sera immergé, ce gigantesque barrage achevé, et un terme aux catastrophes répétées aura été mis par cette décision d'Etat, d'en finir avec les drames répétés dûs aux glissements de terrain...

Nous croisons des centaines d'ouvriers au travail, des dizaines d'ingénieurs qui besognent dans ce décor de fin de monde où les blocs de pierres forment des montagnes, les amas de cailloux des collines, les tas de sables des dunes. Des grues géantes exécutent des pas de deux. D'autres, plus petites évoluent le bec en balancier en la compagnie de monstres qui creusent, qui cassent, qui dament... Ce ballet fantastique, porte en lettres noires quelques noms sur ses flancs que je peine à déchiffrer : Catarpillars, Mitsobushi, Hundaï,,,, des pays co - financeurs de la vaste opération.

Lentement défilent les villages désertés poudrés tantôt de rouge, tantôt de jaune ; çà et là, le linge étendu au balcon indique un foyer habité. Au détour d'un chemin surgit une ombre de cette brume où en dépit de tout survit la végétation. Lorsqu'enfin le nuage de poussière s'estompe, apparaît nus pieds, en costume tribal coloré, entourée de bambins, une femme.
Des ombres fantomatiques glissent le long des ponts en bambou tressé. Ils dessinent de fines lianes qui ponctuent joliment le serpentin du fleuve, tel le lien ultime de communication encore possible d'une rive à l'autre. Sous le poids d'une moto, un pont balance...

En bordure de fleuve, d'un chantier à l'autre, le bruit assourdissant des marteaux piqueurs fait trembler le sol qui fini par se fendre invariablement. Cet ensemble hallucinant de fin de vie et de renouveau donne envie de fuir!

Nous descendons enfin du bus au centre ville -nous appellerons ainsi cette unique rue principale, bordée de baraques aux toits en tôle ondulé qui abritent de petits commerces jusqu'au pont en fer que nous emprunterons quelques minutes plus tard, une fois délestes de nos bagages.

Nous découvrons l'hôtel tenu par une famille chinoise, seul lieu d'hebergement et de restauration possible sur des kilomètres !


Jadis ce complexe de bois foncé a dû être le fleuron hôtelier de la région : une vaste cour dessert trois bâtiments d'un étage à cursives, l'ensemble entouré d'arbres et de plantes d'essence cactée, jardin que l'on balaie encore...


La chambre la moins chère (15 dollars, non négociables!) qui nous est proposée affiche un état de vétusté avancé. Le baldaquin coulissant à frou frou cache en fait un vraie moustiquaire qui se révèlent une fois dénouée efficace! Le système ingénieux m'amuse. C'est bien là le seul attrait de cette pièce sombre.

Pas de satellite, donc pas de TV5, mais un puissant ventilateur géant sur pied nous permettra une fois le linge lavé, de le sécher rapidement. En voyage ces détails là comptent beaucoup...

La salle de bain carrelée de haut en bas est à pleurer : la robinetterie fuit de partout et sans quelques précautions on se lave les mains aussi bien que les pieds et les jambes. Pratique, que si l'on est nu!


Et puis, une fois de plus, nous nous sommes fait avoir : pas d'eau chaude la première nuit (car oui, nous avons dormi deux nuits dans ce bout du monde!) !

Lorsque nous l'avons signalé le lendemain, la fille en nous regardant droit dans les yeux a juste appuyé sur un interrupteur et a dit : voilà, vous en avez maintenant!!!


Ingénieurs et chefs d'équipes élisent l'endroit pour ripailler midi et soir.

Ils forment des tablées de cinq à six personnes et débutent d'ordinaire le repas dans un relatif silence – si l'on oublie la mastication toujours audible à bonne distance. Crescendo ils donnent de la voix, mangent en pratiquant un jeu « assis-debout-assis », où l'on se congratule, on trinque à un rythme de plus en plus rapproché, tandis que les visages pâles de l'arrivée transitent au rose, du rose au rouge, et pour certains même, au pourpre! Ceux là, n'entendent plus leur voisin sans hausser le ton et poussent bruyamment leur chaise à chaque « lever-assis » pour terminer le repas cloués au siège plus longtemps que les autres, passant de la vodka locale -pas très forte- à l'alcool de riz, bien plus costaud; nous l'avons testé...!


En effet, le premier soir, celui, où nous n'étions pas revenus questionner à propos de l'absence d'eau chaude, j'ai cru bon commander un petit verre histoire de déguster une spécialité locale : d'une bonbonne plastique géante placée à nos côtés on tira un demi litre de liquide transparent que l'on me servi dans une belle bouteille en porcelaine!

Malgré toutes les apparences l'eau en question, s'avère bien être de l'excellent alcool de riz, de production locale!


Et puisque Jean-Luc avait déjà commandé une Tiger... nous y fîmes honneur, et ce soir là, l'eau froide n'eut guère raison de nos rires et le baldaquin longtemps continua à tanguer...

 


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S
<br /> <br /> C'est qu'il tape ce petit alcool, mine de rien... Pour la manière de manger, tout peuple a son rituel, ce qu'on considère ici comme malséant est des plus reconnu comme marque d'appréciation des<br /> plats et de l'hôte ailleurs... les goûts et les couleurs font la richesse de notre monde s'pas ?<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
@
<br /> <br /> Plus je vieillis plus j'aime goûter.... alors qu'à 30 ans je détestais l'alcool!<br /> <br /> <br /> <br />