Trani : ville aux quatre synagogues

Toute la ville romaine de Trani est née tout autour du port naturel avec ses deux rues principales, où la colline surélevée désigne le quartier juif. De 1100/1200 la ville s'agrandit. 
85 % des palais sont situés le long de ces des voies principales près de la Piazza Ferdinando Lambert qui était la grande place de cette ville d'alors. 

Trani fut une ville dite autonome. Comme Bari, c'est devenu une ville byzantine. 

Au plan de l'architecture : deux maisons reliées par le haut formaient un palace...

La pierre noire du sol vient de Naples. Elle signalait ainsi le chemin vers le port.

Nous rentrons dans une cour de la voie précitée à mi-chemin vers le bord de mer où se trouve une maison du 15eS : après le porche, à gauche au fond, à l'endroit supposé de la cuisine le mur comporte trois éléments ; des morceaux de stèles juives écrites en hébreu ; on observera les marches de l'entrée à cette cuisine décorées... Il s'agit encore d'une stèle.

À Trani les juifs avaient le monopole de la soie (fabrication et commercialisation).
Voir les deux photos de livres qui sont des références sur les juifs en Italie. 

La cathédrale de Trani est unique en son genre en Italie, construite au 15eS, en bord de mer. Elle porte comme à Bari le nom de St Nicolas. Elle fut reconstruite au 19eS après le tremblement de terre. 

Ce n'est pas un ghetto, mais bien un quartier qui naquit au 11e S avec 200 âmes. 
Fuyant la conversion obligée à Bari en 1580, de nombreux juifs vinrent s'y installer fuyant les lois de Charles Quint.
 
Des quatres synagogues actives au 16eS il n'en reste qu'une aujourd'hui que l'on visite et qui n'est active que sur demande. Il s'agit de celle appelée "Scola nova" dont les photos sont postées avec cet article. La communauté de Trani est rattachée à celle de Naples et se résume à deux femmes et un adolescent (pas encore Bar Mitsva). 
Unique au monde cette synagogue qui devint église avant de redevenir synagogue dispose d'une cloche surmontée d'une étoile de David en ferronnerie. 
Unique également à disposer d'une madonne allaitante de 700 ans derrière l'armoire de la Torah et à  disposer d'un bénitier et  d'une table de prière rappelant les rites catholiques. (Rue de la Scola Nova).

Une autre synagogue du 13e S de la rue de la Judeïca ré-utilise sur son fronton en pierre (en façade rue) les ornements du Sefer Torah. Il s'agit de Saint Anne s' Synagogue(1143). Cette dernière a pris la forme d'un petit musée avec de nombreuses explications: le Mikvéh qui était externe, une crypte dessous qui témoigne du passé catholique de l'église à cet emplacement... toujours sous le règne de Charles Quint (qui, systématiquement, empêchait toute vie juive). Aujourd'hui six tombes juives déplacées sont entreposées dans la crypte. 

Alors que dans toute l'Italie l'administration était interdite aux juifs, des juifs convertis de Trani ont contribué à la préservation des traces de la vie juive de la ville : 
en 1400 une loi spéciale pour Trani voit le jour pour qu'un contingent de deux juifs convertis fassent partie du gouvernement de la ville. Cette obligation change la face des administrations. 

C'est un témoignage fort, le plus fort des Pouilles. 
Les familles nobles féodales permirent aux juifs de se convertir au christianisme. Ils devaient se signaler "convertis" en remplissant tout document officiel. Aussi, nombreux sont ceux de Trani qui ont aujourd'hui encore des noms juifs, et qui méconnaissent leur origine. 

En résumé, les nobles de la ville juifs et non juifs assimilés ont contribué à conserver tout ce patrimoine visible à ce jour à Trani le plus spectaculaire des Pouilles.