Rencontre au village de San Nicandro avec des membres de la communauté juive composée d'une quarantaine d'âmes... juste avant, nous avions visionné un documentaire en hébreu qui racontait l'histoire de cette communauté... après un repas au poisson fantastique.
Entre les lacs de Lestina et Varano vécut -en 1920- un paysan autodidacte, visionnaire, répondant au nom de Manduzio. Chrétien, comme la majorité dans cette région très empreinte de spiritualité, il découvre la Torah.
Il conduisit vers le judaïsme un groupe de villageois avant de découvrir que le judaïsme existait vraiment, de rencontrer de vrais juifs, juste avant la guerre... il découvrit aussi que plein d'autres communautés existaient, ailleurs, en Italie. Il commence à leur envoyer des cartes postales demandant à être reconnu avec sa communauté perdue, loin, dans les Pouilles. On lui répond qu'avec les nouvelles lois raciales ce n'est pas vraiment le moment de devenir juif. La seconde guerre mondiale faisait déjà assez de ravages...
Il reçut une amende de 260 lires pour avoir contrevenu aux interdictions de rassemblement au domicile : il organisait les fêtes et les prières de shabbat chez lui !
Malgré ses protestations à être traités comme les autres juifs, ils furent épargnés, parce que considérés "non juifs" par les autorités (!!!).
Après la guerre, le Rabbinat de Rome leur apporta un soutien religieux et des cours en hébreu pour les enfants.
Certains firent leur Aliya et ont des descendants en Israël aujourd'hui.
Et c'est cette communauté très petite qui subsiste dans les Pouilles, porteuse d'un héritage singulier, fragile et précieux... que nous avons rencontré.
Leur synagogue : c'est juste une pièce très coquette. Un office se tient chaque semaine pour shabbat et ils essayent d'avoir le minyan pour sortir la Torah. Quoiqu'il arrive, ils lisent la paracha chaque semaine.
Des mariages se sont tenus dans cette synagogue, et même, une Brit Mila.
La majorité de la communauté est composée de couples mixtes. Cependant, les conjoints qui l'ont souhaité se sont convertis. Les enfants vont à l'école normalement et peuvent aménager -selon les fêtes juives- leur présence.
Ils sont aidés et soutenus par la communauté de Naples. Jusqu'en 1990 les femmes étaient majoritaires. Elles le demeurent aujourd'hui. Elles n'ont jamais envisagé d'aller vers une organisation Masorti, bien qu'elles fassent quasiment tout : la lecture de la paracha, la cuisine, l'organisation des fêtes...
Les enfants partent faire des études ailleurs, parfois ne reviennent pas dans les Pouilles.
Nous avons pu discuter avec eux sous la Soucca, puisque c'est la fête de Souccot, tandis que les policiers de la guardia civile nous attendaient au dehors.
Depuis le repas de midi, il semble que notre groupe bénéficie d'un encadrement sécuritaire de prévention.
Nous avions plutôt le sentiment d'un coup, d'êtres tous un peu désignés.
La prévention est probablement justifiée face à des actes isolés...
La fois dernière où notre chauffeur de cars a été ainsi escorté, c'était lors d'un transfert de joueurs de foot... nous dit-il amusé.
Nous avons conclu cette journée par une promenade en centre ville historique, toujours encadrés par cette sécurité rapprochée.
Demain est un autre jour!