Ciné 2023 : Novembre (1ere quinzaine)

Il pleut beaucoup cette première quinzaine du mois de Novembre, alors variez vos plaisirs : les documentaires et séries peuvent agréablement ponctuer cette fin d'automne.

- " Et la fête continue! " de  Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Gérard Meylan,...

On retrouve la fine équipe à Marseille, rue d'Aubagne où l'effondrement d'immeubles insalubres en 2018 avait déclenché une vive émotion nationale et la colère des habitants au niveau local. C'est avec beaucoup de sensibilité, de pudeur, de poésie que le réalisateur rend compte de cette tragédie humaine. La force de l'engagement, la solidarité, les racines demeurent au cœur du propos de Guédiguian : l'Arménie, Marseille pour berceau, l'amour qui fait la vie, la femme au centre des luttes.
Un moment tendre où la culture ouvrière se source.

- " Le ravissement " d'Iris Kaltenbäck, avec Hafsia Herzi, Alexis Manenti, Nina Meurisse...

Portrait d'une sage femme attachante, qui sombre dans
une spirale de mensonges où toutes les vies basculent...

On est capté par le sombre récit, touchant, et troublant de cette femme magnifiquement interprété par Hafsia Herzi.

- "Killers of the Flower Moon" de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, Lily Gladstone.

Après le très frustrant "Irishman" voici un très long métrage, une vraie fresque à propos des terres d’un génocide, miroir de l’histoire du 20e siècle de l’Amérique, adaptée à partir d’une enquête du journaliste David Grann à propos d'une série de meurtres au sein d'une tribu amérindienne enrichie en 1920 grâce au pétrole.

- "La passion de Dodin Bouffant" réalisé par Tran Anh Hung avec Juliette Binoche, Benoît Magimel.

Ce film a été choisi pour représenter la France aux Oscars... En effet, rien de tel qu'un pot au feu et des images "plein la vue" de la passion française : la table raffinée quel qu'en soit le plat. Avis aux gourmets, ça fait craquer. L'image est superbe, l'histoire gentillette, le tout dans un souffle d'amour éperdu de la culture française !
Sûr, on l'aura cet Oscar ! Et tant pis pour le film concurrent qui etait "Anatomie d'une chute"... plus singulier.

- "L'enlèvement" de Marco Bellocchio.

Beaucoup de lyrisme et des images aux couleurs puissantes traitées comme des tableaux.
En 1858, au prétexte que sa nourrice l'aurait en secret fait baptiser, Edgardo Mortara, jeune garçon 6 ans est enlevé à sa famille juive de Bologne par des soldats du pape-roi Pie IX. Il recevra une éducation catholique, sera endoctriné alors que ses parents ne cesseront de se battre pour le récupérer en prenant appui d'abord sur la communauté, puis en déclenchant un procès national, enfin en faisant connaître à l'international cette tragédie inique.

Car si tragiques que furent ces histoires -et nombreuses semble-t-il dans l'Histoire de communautés juives d'Europe- elles seraient, dit-on méconnues jusqu'à peu en Italie (???).

- "Pourquoi Israël... " documentaire de 1972 de Lanzmann

SANS point d'interrogation.

Que des témoins... acteurs de leur propre immigration, venus de tous horizons en Israël interviewés. Se construit alors un puzzle qui démontre qu'Israël s'est voulue une société comme toutes les autres totalement imparfaite et démocratique.
Déjà en 1972 tous les antagonismes connus aujourd'hui sont posés, réunis, critiqués.
Voilà qui donne à ce documentaire une qualité et une force implacable. Qu'a-t-on fait pour sortir des impasses?
50 ans après, les mêmes questions posées le demeurent avec une terrible acuité!

- "Anselm (Le Bruit du temps)" documentaire de Wim Wenders avec Anselm Kiefer, Daniel Kiefer, Anton Wenders...

Wim éclaire l'oeuvre d'un artiste incontournable de l'art contemporain, un compatriote, Anselm Kieffer.

Après avoir proposé Pina Bausch, Wim Wenders éclaire l’oeuvre d’Anselm Kieffer, révèle son parcours de vie, ses inspirations, son processus créatif, sa fascination pour le mythe et l’histoire.

Le passé et le présent s’entrelacent pour brouiller la frontière entre film et peinture et rend ce documentaire passionnant. On comprend mieux la démarche exigeante de l'artiste, son engagement de vie. On assiste perplexe à la création d'oeuvres démesurées et l'on ressort bouleversé par l'authenticité d'une démarche et d'un parcours de vie d'une grande densité. Grand moment de culture...

- "D'argent et de Sang" de Xavier Giannoli (2023) Série Canal+ avec : Vincent Lindon, Ramzy Bedia, Niels Schneider...

Deux escrocs tunisiens du quartier populaire de Belleville et un mystérieux trader des beaux quartiers s'allient pour une gigantesque arnaque (fin 2008/2009) à la TVA. Tirée d'un livre-enquête de Fabrice Arfi.
Cette mini série de six épisodes, dont une suite sortira en Janvier 2024 captive avec sa distribution.  Les acteurs sont tous excellents, le scénario vif, l'arnaque implacable! Un bon moment de cinéma. On attend la suite...

- Polar Park / autre mini série Arte de Gérald Hustache-Mathieu avec Jean-Paul Rouve, Guillaume Gouix, Firmine Richard, India Hair.

Mouthe, le village réputé le plus froid de France écrin d'un thriller en prise à un serial killer. Léger, drôle... et,

Parce que je trouve délicieux et toujours décalé le jeu de India Hair...

- "Sur l'Adamant" documentaire de Nicolas Philibert ( à voir en Replay sur Canal+)

L'Adamant est une barge, un bâtiment flottant édifié sur la Seine en plein coeur de la capitale et qui fait office de Centre de Jour. Un lieu unique en son genre qui accueille en soins et suivi psychiatrique des patients dont le spectateur va suivre le touchant parcours...
Une aventure humaine faite d'écoute, d'accompagnement et de bienveillance. Magnifique.

Précédemment :
ciné 2023: octobre 1 & 2