Pauvre Bitos de Jean Anouilh

Ce "dîner de têtes" dévoile une œuvre à tiroirs, captivante, énigmatique comme sait l'écrire Jean Anouilh.

Car le texte bien qu'écrit en 1955 demeure aujourd'hui encore incroyablement pertinent. Il interroge les mécanismes du pouvoir, de la vertu et de la justice, invite à une réflexion sur la nature humaine, ses ambitions et ses échecs. "Bitos" est un jeu de miroir qui n'en finit pas. On pensera fatalement au "Dîner de cons", avec des traits plus politiques évidemment, autour de la tyrannie du discours vertueux comme mode d'accès au pouvoir.
Maxime d'Aboville offre un Bitos au jeu qui évolue tout au long de la représentation  de façon renversante, éblouissant. En vérité, ils le sont tous éblouissants, les sept, formidablement caustiques aussi dans ce jeu de miroirs où triomphe une vision théâtrale très sombre de la nature humaine qui donne à méditer.
La mise en scène en deux tableaux est efficace. Les lumières, les costumes... tout est excellent. Un vrai plaisir.

Résumé
Située dans une petite ville de province des années 1950, l'élite locale se réunit autour d'un dîner thématique, où chacun est invité à jouer le rôle d'une figure de la Révolution française. La désignation d'André Bitos, un magistrat d'origine modeste, pour incarner Robespierre, est significative. Anouilh explore par ce moyen les dynamiques de pouvoir, la précarité de la vertu et l'autoritarisme de la conformité.

"Pauvre Bitos - Le dîner de têtes"
Mise en sce de Thierry Harcourt
Avec Maxime d’Aboville, Adel Djemai, Francis Lombrail, Adrien Melin, Étienne Ménard, Adina Cartianu, Clara Huet, Sybille Montagne.

Jusqu'au 5 mai 2024
Théâtre Hébertot
78 bis bd des Batignolles
75009 Paris