Petits petons du Wudan

Un peu comme du temps d'Alexandra David Neels, on croise peu de voyageurs qui ne soient pas des sinophones au Wudangshan. Les touristes chinois sont nombreux, les autres ont bien du mal à arriver jusqu'ici. Les guides en effet ne mentionnent la région que pour évoquer le barrage des trois gorges ; de surcroît, selon nos informateurs locaux, les éléments renseignés seraient un peu dépassés!
Du coup, il est compréhensible que nous ne rencontrions aucun touriste occidental, hormis ceux qui comme nous, viennent pour une pratique de Tai Chi Chuan.

Les monts du  Wundang, chaîne de montagnes au sud de la ville de Shiyan (dans la province du Hubei) abritent quelques deux cents monastères Taoistes où l'on enseigne, la méditation, la médecine chinoise traditionnelle et les arts liés au taoisme.

Des autobus navette sillonnent le vaste parc toute la journée et desservent les principaux lieux de visites. A proximité du moins, car il s'agit depuis ces stations de poursuivre à pied en grimpant à chaque fois des milliers de marches... Pauvres petons!

Aujourd'hui malgré la brume nous sommes allés visiter le temple d'or- le plus réputé de tous- très très haut perché au sommet d'un mont à 1600m, en forme de tortue. C'est le seul monastère qui soit desservi par un téléphérique moderne : des cabines a huit places assises. Toutefois, une fois déposés, l'ascension ultime débute. Il faut bien escalader 3/4 d'heure encore ces marches de hauteur inégales pour atteindre le sommet. Des arbres multi centenaires bordent la montée.

Des chaînes lourdes de cadenas servent de rampes d'escaliers. Une curiosité: pourquoi tant de cadenas en grappe le long des chaînes ?
Il s'agit d'une nouvelle mode : sur un cadenas en forme de coeur, on fait graver son nom, celui de l'être cher, puis on va l'accrocher avec tous les autres sur cette chaîne- véritable rampe de métal;une fois le cadenas fermé, comme il n'y a pas de clef, voilà pour l'éternité vos noms associés en ce lieu saint!
Au fur et à mesure de l'ascension, on rencontre des moines qui lisent l'avenir ici et là, à proximité des  temples, des échoppes de souvenirs et d'encens. Chaque niveau dispose de terrasses plus ou moins vastes d'où l'on peut apprécier l'effort déjà fournit et celui qui reste à faire pour atteindre l'ultime monastère.
Puis, il a fallu tout redescendre, en ménageant une alte sur l'une des terrasses, pour offrir notre Qi Qong de la tortue aux pèlerins !

Avant de reprendre le bus, dans l'une des boutique j'ai trouvé Solal en train d'examiner deux petons en bois avec des inscriptions anciennes chinoises : de l'association des deux pieds résultait un jeu de mots :
"Heureux celui qui connaît ses limites"...
"C'est le pied, non ?" lui ai je dit, et j'ai pas l'esprit en escaliers...