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Souvenirs égarés/retrouvés du Mexique (2) /ACTEAL, la communauté des Abeilles, Chiappas

En nettoyant ma boîte mail, j'ai retrouvé quelques brouillons d'articles, des notes prises durant le voyage au Mexique en février 2016.

ACTEAL, la communauté des Abeilles, Chiappas

La communauté des abeilles est une communauté religieuse, d'indiens pacifiques regroupés après le massacre inexpliqué et couvert par les autorités de 43 villageois indiens.
Le nom adopté par ces 300 personnes indique l'esprit de communauté. Ils se veulent comme un monde fermé réunis autour d'un seul dieu...

Sebastian le président du Comité nous reçoit. Nous l'interrogeons :  que s'est il passé après le massacre de 1997?

"Nous nous sommes organisés en comité directeur pour savoir ce qui s'était réellement passé ; plusieurs commissions constituées se sont occupées alors des morts, des déplacés, des survivants,
des aspects juridiques et politiques de ce drame.
Des gens venus en solidarité du monde entier nous ont aidé, parmi eux aussi, la Croix rouge mexicaine et  l'espagnole.

Après ce drame,  10 500 déplacés fuient de peur craignant pour leur vie puisque aucune garantie des autorités ne permettait de penser que cela ne se reproduirait pas.
Aussi dans les camps de fortune, c'est l'aide internationale qui a permis de survivre alors que nous réclamions justice."

Les coupables ont ils été sanctionnés?

"Les commanditaires non.
Les petites mains, les seconds couteaux oui ; 85 personnes ont été emprisonnées,  toutes de peu de responsabilité dans ce massacre. 27 mandats d'arrêts n'ont jamais été exécutés.
En 2009, tous les documents sur les coupables regroupés par nos soins furent remis à la cour suprême, le gouvernement local. Pour réponse deux vagues successives de libération étalées sur deux ans ont remis en liberté les quelques personnes emprisonnées qui n'ont pas purgé leur peine l'intégralité de la peine jugée.

Pour calmer le jeu les autorités ont considéré que donner en contrepartie cinq hectares de terres et y construire des maisons était une réparation suffisante.
Jamais la question des agresseurs, qui sont des gens du coins n'a été réglée et surtout les personnes n'ont toujours pas été désarmées ni mis en cause. Ils restent à ce jour impunis.
Plus encore le gouvernement fédéral les considèrent comme des fils, il les a entraînés armés et laissé faire... La justice demeure muette depuis 2008.

Quand nous avons su que ces coupables allaient être libérés, nous avons envahi la cour de justice. Elle nous a ignoré. Nous sommes transparents à ses yeux. Personne ne nous a reçu ou daigné nous parler, ou s'occuper de nous."

Des déplacés sont revenus s'installer chez eux sans avoir obtenu justice. Or, les para militaires sont toujours là et les autorités du gouvernement fédéral continuent de les harceler. De diviser les gens en les achetant. La pauvreté est si grande, rien de mieux pour diviser le gens ou empêcher, ralentir la construction de solidarités.
Pour exemple,
200 bicyclettes ont été données dans des villages voisins du hameau de la communauté des abeilles. De l'argent aussi, et des moutons, des téléviseurs. Les seuls a refuser qu'on les achète sont les membres de la communauté et les zapatistes. Eux revendiquent en s'associant sur des projets, des causes. Ils veulent pouvoir manger, être reconnus, pas achetés. Ils réclament non pas des aides mais du travail, de l'éducation, des financements sur des projets.

Alors les autorités sen prennent aux femmes et les divisent en leurs donnant de l'argent. Au travers de programmes gouvernementaux, ils les maintiennent dans une précarité économique dont elles ne peuvent s'émanciper sur du l'on terme.
Ainsi on crée des distorsions entre les individus entre les groupes, les familles, les communautés.

Sebastian nous lit la déclaration qu'il s'apprête à faire après encore une année où ils continuent de réclamer leurs droits, depuis cette terre d'Actéal depuis le massacre du 22 décembre 1997. Le gouvernement resté complice n'a toujours pas reconnu ce massacre et n'a toujours pas pris de mesures pour rétablir la justice, cesser de masquer ses mensonges, et que cesse les agressions dont sont l'objet les descendants, le 25 juin dernier(2015) Manuel Lopez a été assassiné sans que l'on éclaire sur son assassinat parce qu'il faisait partie de la communauté des abeilles. Les personnes qui n'acceptent pas de rentrer dans les projets gouvernementaux subissent des pressions tel la suppression de l'électricité. Ils exigent des impôts de façon discriminatoire...
Un groupe de jeunes revenant de la cueillette a été agressé aux armes à feux sans que les autorités ne daigne ouvrir une enquête.
La communauté supporte des projets écologiques ou de ceux qui se battent pour garder leur terres ; du coup ils sont attaqués pour ce soutien par le gouvernement de mille et une manières. Le gouvernement continue de vendre le pays et tue les consciences des pauvres de ce pays. Plus de massacres plus de privatisations des ressources naturelles et plus de persécutions de ses habitants du Chiapas. Ils demandent l'arrêt de cette guerre silencieuse.
Le café est leur production essentielle, ils voudraient créer une coopérative.
Le comité directeur vend le café.
Les femmes vivent de l'artisanat qu'elles vendent.
Espoir Chiapas (français), autosuffisance : maïs, haricot et miel...
300 personnes aux abeilles auquel il faut rajouter les militants zapatistes.
Il y a un comité de femmes spécifiques "coopérative solidaire" pour les femmes pauvres.
Les femmes accouchent à la maison, ont 5 ou 6 enfants. Les enfants vont dans les écoles locales à 1/2heure de là. Peu ont de chances d'arriver au collège et personne ne va à l'université.

Victimes d'embuscades, on brûle leur maison.  Comme ils n'étaient pas zapatistes mais une organisation qui refuse les armes, n'ont pas de relation avec les zapatistes, sont pacifiques, se réfèrent à des paroles de paix, celle de dieu, refusent la voie armée...ils sont persécutés. Mais ils se sentent proches des Zapatistes, de leurs revendications, leurs propositions qui les intéressent même s'ils n'ont pas choisi la même voie. Ils se sentent proches des déclarations de Marcos.
Avant le massacre il n'y avait ni routes, ni écoles, ni rien... Depuis le massacre nous avons tout cela conclut-il.

Notes prises lors de la rencontre avec Sebastian le président du Comité d'Actéal 23 février 2016, sur place.

Tag(s) : #Mexicaineries
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